L’Habeas Corpus Compagnie, créée en juillet 2012 par Julien FOURNIER,
tire son nom de l’ordonnance anglaise d’habeas corpus qui, au Moyen-Age, garantit au citoyen de ne pas être emprisonné sans jugement.
Habeas corpus, du latin que tu aies le corps (pour le présenter au juge), est de nos jours le droit fondamental à disposer de son corps (sous entendu contre toute arrestation abusive) et, par déformation c’est le sens qui nous intéresse ici, le droit fondamental à disposer de son corps (tout court).
Cet énoncé faisant acte fondateur de notre démarche artistique, il donne au corps une position centrale en tant que véhicule créateur d’expression, d’espace de liberté, de revendication, d’étrangeté et de plasticité.

Notre démarche place l’expérimentation comme lieu de rencontre avec le public par :

  • La mise en scène du corps performant et théâtral
  • La confrontation de différents espaces et niveaux de narrations
  • La recherche sur la plastique des corps, décors, des corps dans un décor et leur potentiel narratif, fictif ou réaliste.
  • La remise en question perpétuelle des limites et des idées toutes faites
  • La mise en relief de points de vue incertains mais défendables

Reverso (2014) est le premier acte de cette démarche, il explore le corps caméléon, telle une matière transformable à souhait. Libre de ne pas figer son allure pour faire évoluer sans cesse son rapport aux autres, aux objets, au vertical et à l’horizontal.
REVERSO a reçu le MQVE AWARD quality label 2015 et a joué notamment au Danemark dans le cadre du Waves festival.

Avant l’homme il n’y a que des surfaces (2016), est le deuxième opus de la compagnie. En forme de court essai dramaturgique, il est une mise en résonance d’un parcours physique avec deux chaises, de paysages miniatures et d’un texte en voix off. Le texte, reconstruction et déformation de bribes de conférences (extraites d’internet) traitant d’architecture, tient autant du « sujet prétexte » que d’une tentative en clair obscur de donner du sens.
Le corps chorégraphique, intercesseur du texte et manipulateur des objets dans un espace fermé mais en constante évolution, à la fois objet et sujet, se révèle dans une virtuosité de la précision et « du peu ».

BURNING (je ne mourus et pourtant nulle vie ne demeura) (2018)
Objet scénique singulier, BURNING poursuit cette démarche et l’ancre cette fois dans le réel à travers une thématique brûlante d’actualité. A la recherche dramaturgique de Avant l’Homme et celle plastique, poétique et acrobatique de REVERSO s’ajoute une dimension documentaire, à la recherche d’un cirque qui puisse être à la fois performant (autrement) et politique.
Né d’une envie de replacer l’individu au centre et de croiser les langages à la recherche de sens et d’expressivité, le spectacle entremêle travail de corps, d’image, de voix et d’esprit pour aborder la question du Burn Out et témoigner de la façon insidieuse avec laquelle s’installe la souffrance au travail. Le spectacle est créé en collaboration avec Laurence Vielle à l’écriture du texte. Laurence recevra le prix Maeterlinck de la critique 2018 dans la catégorie « meilleur(e) auteur(e) » pour celui-ci. Le spectacle, quand à lui sera nominé dans la catégorie « meilleur spectacle de cirque ».

« Aujourd’hui l’Art est de plus en plus contextuel et politisé.
Qu'en est-il du cirque?
Peut-il s’emparer des grandes problématiques de société?
Peut-il s’émanciper en partie du divertissement et de l’émerveillement ?
Est-il possible de créer des formes plastiques, sensibles, acrobatiques et crédibles sur des thématiques telles que l’écologie ou l’économie?
Plus généralement qu’est ce qui fait Art?
Et plus particulièrement, quand physiquement, on commence à devenir vieux pour un acrobate qu’est ce qui fait Cirque? 

Animé par ces questionnements qui s’inscrivent dans une approche de la modernité et tiraillé par les contraintes du temps qui me maintiennent malgré moi près du sol, j’élabore des tentatives de réponses pour les unes et des subterfuges pas toujours bien dissimulés pour les autres. Ce mélange inopiné entre théâtralité, réflexion, concept….. d’une part et engagement physique en perte de vitesse d’autre part, me pousse à reconsidérer le champ de ce que « pourrait-être le cirque » à la frontière entre sciences humaines, recherche dramaturgique et scénographique et là où il n’est probablement plus totalement identifiable.»

Julien Fournier